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Les Zabbalines : un objet sur-étudié ?

Appel à contributions pour la revue Egypte/Monde arabe

Nouvelle date limite pour l’envoi des résumés : 30 septembre 2016

Les chiffonniers du Caire, ou zabbalin en arabe, ont fasciné les chercheurs et journalistes depuis plusieurs décennies. Ces communautés vivant de la collecte des déchets, de leur recyclage et de l’élevage de porcs nourris par les restes organiques, se situent en effet à la croisée de nombreuses problématiques fondamentales liées à la capitale égyptienne. Leur situation souligne les failles d’un État qui ne s’est avéré capable ni de gérer le ramassage des ordures ménagères, ni d’intégrer pleinement cette population marginalisée.
Les chiffonniers sont également au cœur des questions environnementales : en effet, ils sont souvent perçus par les organisations internationales comme un facteur positif, car on leur prête un très important taux de recyclage des matériaux collectés. Cette perspective mérite probablement d’être examinée de près car les techniques de recyclage des matériaux sont souvent elles-mêmes extrêmement polluantes.
A l’inverse, les médias égyptiens abordent le plus souvent ces populations sous l’angle du danger sanitaire qu’ils sont supposés représenter. Rappelons que la plupart des zabbalin sont des chrétiens qui vivent de l’élevage d’un animal jugé impur par la culture dominante, une situation délicate soulignée par la crise de 2009 : cette année-là, le gouvernement égyptien décida d’abattre tous les cochons du pays au prétexte de juguler la grippe dite porcine.
On ajoutera enfin aux facteurs qui font des chiffonniers un sujet attractif, le site exceptionnel qui abrite la plus connue des sept communautés de chiffonniers, à savoir la colline du Muqattam. Le père Samaan qui a construit d’énormes églises nichées dans la falaise a également beaucoup contribué à la célébrité du lieu.
Ainsi, depuis de nombreuses années, plusieurs thèses et mémoires de master ont porté plus ou moins directement sur les chiffonniers depuis les travaux de Günter Meyer et Ragui Assaad, jusqu’à ceux plus récents de J. Furniss, L. Debout et B. Florin parmi tant d’autres. La plupart de ces recherches portent essentiellement sur la communauté du Muqattam. Des documentaires ont été réalisés (Garbage Dreams, Marina of the Zabbaleen) et d’innombrables articles de presse abordent l’un ou l’autre aspect de la question.
L’objectif de ce numéro d’Egypte Monde Arabe est donc de rassembler pour la première fois les études portant sur les divers aspects touchant à la vie et l’activité des zabbalin, mais aussi d’interroger de façon critique une certaine fascination académique pour cet objet d’étude. Les contributions, en anglais ou en français, peuvent porter directement sur les chiffonniers (travail, religions, organisation sociale…) ou les aborder via des thèmes (développement urbain, gestion des déchets, hygiène publique, pollution…) au sein desquels les zabbalines ne sont qu’un acteur parmi d’autres, ou bien encore il s’agira de proposer une analyse plus critique et réflexive sur les zabbalines comme objet d’étude. Comment la présence répétée de chercheurs est-elle reçue chez les chiffonniers et quels en sont les impacts ?

Les résumés ou propositions d’article (1 page max), en français ou en anglais, doivent être accompagnés d’un titre provisoire et de renseignement biographique (affiliation, coordonnées…). Ils sont à envoyer à l’adresse suivante : gaetan.duroy@gmail.com

Notification des abstracts sélectionnés : 31 octobre 2016
Date limite pour l’envoi des articles complets : 15 janvier 2017
Relecture-commentaires-envoi d’une version corrigée : début avril

Publication du numéro : juin 2017


The Zabbaleen : An Over-studied Object ?

Deadline for abstract submissions : September 30th 2016

Cairo’s informal sector waste collectors, or Zabbaleen in Arabic, have fascinated researchers and journalists for several decades. These communities, who live from waste collection and recycling, as well as raising pigs on organic waste, are indeed located at the cross-roads of several critical themes connected to the Egyptian capital. Their situation underscores some of the shortcomings of a state that has been unable either to manage household waste, or to fully integrate this marginalized population.
The Zabbaleen are also at the heart of environmental issues. International organizations, who attribute them very high recycling rates, generally perceive them as a positive factor. This perspective probably deserves to be re-examined since their recycling techniques are often themselves extremely polluting.
At the other end of the spectrum, the Egyptian media most often present the Zabbaleen from an angle that emphasizes the health risk they are thought to present. It is worth recalling, in this regard, that the majority of the Zabbaleen are Christians who live from raising an animal considered impure in the dominant culture, placing them in a delicate situation, as underscored in 2009 when the Egyptian government decided to slaughter all of the country’s pigs under the pretext of controlling the so-called swine flu.
An additional factor that has made the Zabbaleen an attractive subject is the exceptional site where the most well-known of their seven enclaves is located, on the hillsides of Moqattam mountain. The religious figure Father Sama’an, who has built enormous churches nested in the cliffside of this mountain, has contributed significantly to the celebrity of this location.
Over the years, a considerable number of masters theses and several doctoral dissertations have been completed on Zabbaleen-related topics, and academic publications range from those of Günter Meyer and Ragui Assaad to more recent work by J. Furniss, L. Debout, B. Florin, and numerous others. The majority of this research focuses principally on the Moqattam community. Several documentary films (Garbage Dreams, Marina of the Zabbaleen) have also been made, and press articles on various aspects of the question are too numerous to count.

The aim of this issue of Egypte Monde Arabe is thus to gather together for the first time in a single volume a variety of studies relating to different aspects of the lives and work of the Zabbaleen, but also to reflect critically on the academic fascination with this object of study. Papers are invited in English or French on the Zabbaleen themselves (work, religious life, social organization), on broader themes in relation to which the Zabbaleen are implicated alongside other actors (urban development, waste management, public hygiene, pollution), or proposing more critical/reflexive analyses of the Zabbaleen as an object of study, such as how the sustained presence of researchers is received by the Zabbaleen, and what are its impacts.

Abstracts/proposals of no more than 1 page should be sent, along with a proposed title and a biographical note (affiliation, contact details, etc) to gaetan.duroy@gmail.com

Notification of selected authors : October 31st 2016
Deadline for completed articles : January 15th 2017
Peer-review and revisions : : beginning of April 2017

Publication : June 2017