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Techniques des corps politiques

Appel à contributions pour la revue Politique africaine
Date limite : 30 novembre 2016

Dossier coordonné par Thomas Riot et Nicolas Bancel

Depuis la fin des années 1990, de nombreux Etats subsahariens – parfois démarchés par des organisations non gouvernementales et divers fonds d’investissement privés et internationaux – ont élaboré des pédagogies physiques et sportives inscrites dans leurs politiques de « développement » et de « reconstruction » post-conflictuelle. Cette « politique du survêtement » n’est pas nouvelle : dès les années 1950 (et bien plus ardemment dans les décennies qui suivirent les décolonisations), de nombreux pays ont développé des parties de football (Alegi, 2004), des jeux de piste et de capture (Honwana et de Boeck, 2005) ou encore des danses d’affrontement (Ranger, 1975) qui ont contribué au mûrissement de mobilisations politiques des plus pacifiques aux plus radicales (Bancel, Denis et Fatès, 2003 ; Fair, 1997). Le Rwanda offre un exemple révélateur des trajectoires obliques que peuvent prendre ces activités. Du début des années 1990 au mois de juillet 1994, le transfert de conduites sportives, chorégraphiques et guerrières vers la mise en œuvre du génocide a été grandement conditionné par l’engagement (volontaire, conseillé ou forcé) de plusieurs milliers de danseurs, de footballeurs et de supporters dans les groupes extrémistes qui menèrent les pogroms anti-Tutsi (notamment interahamwe). Dans le contexte d’une politique développementaliste transformée en ordre génocidaire (Viret, 2009 ; Straus, 2006), ces groupes miliciens se sont engagés dans une articulation dynamique de savoirs corporels acquis dans le monde du « loisir » et de dispositifs miliciens issus de la société civile (Riot, 2014). De nos jours, et tandis que ces activités furent précédemment affectées à des processus de socialisation politique des plus radicaux, le gouvernement du Rwanda post-génocide convoque les mêmes pratiques (via le dispositif itorero, inspiré de pratiques précoloniales et qui mêle danses guerrières, football et veillées de défis) afin – selon ses propres termes – de combattre la « mentalité génocidaire » et de reconstruire une société profondément marquée par la violence de masse (Riot, Boistelle et Bancel, 2016).

Calendrier :
 30 novembre 2016 : date limite d’envoi des propositions d’article (max. 7000 signes espaces compris) à Thomas Riot (Thomas.Riot@unil.ch) et Nicolas Bancel (Nicolas.Bancel@unil.ch)
 15 décembre 2016 : notification aux auteurs des propositions retenues par les coordinateurs du dossier
 15 mars 2017 : date limite d’envoi des articles sélectionnés (max. 55 000 signes notes et esp. comp.) aux coordinatrices du dossier

En savoir plus : AAC - Politique africaine