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Supports et circulations des savoirs et des arts en Afrique et au-delà

Séminaire organisé par Claire Bosc-Tiessé (CNRS - IMAF), Jean-Paul Colleyn (EHESS - IMAF), Anne Doquet (IRD - IMAF), Éric Jolly (CNRS - IMAF), Elena Vezzadini (postdoctorante à l’Université de Bergen - Chercheure associée à l’IMAF)

Année universitaire 2013/2014
Périodicité  : 2e et 4e vendredis du mois de 11h00 à 13h00
Localisation  : Site Raspail, salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris
Calendrier  : 14 mars, 28 mars, 11 avril, 23 mai, 13 juin 2014

Présentation

Le séminaire cherche à mettre en perspective les rapports complexes entre la création artistique contemporaine en Afrique et le monde globalisé, qu’il s’agisse de danse, de théâtre, d’arts plastiques, de photographie, de cinéma, de musique, de littérature, d’arts numériques. En effet, les anciens rapports dominé-dominant sous-tendent encore certaines conceptions de ce qui constitue, ou non, une œuvre d’art. De fait, quels sont les critères esthétiques retenus par les créateurs africains au moment de leur réalisation artistique ? Les artistes qui, jusqu’il y a peu, venaient souvent se former dans les écoles d’art des anciens pays colonisateurs, le font-il encore aujourd’hui ? Alors que l’Inde, le Brésil, la Chine, subventionnent certaines réalisations artistiques africaines contemporaines, qu’en est-il des liens avec l’ancien colonisateur ? En d’autres termes quels sont les rapports de pouvoir entre des créateurs qui revendiquent leur appartenance à un monde globalisé et le monde de l’art, tant en termes esthétiques que matériels ?
Par ailleurs, comment se positionnent ces artistes politiquement quant à la « négritude », au « panafricanisme » et aux différentes formes d’affirmations identitaires locales ou globales, comme leur appartenance ou non à des mouvements religieux ? Cherchent-ils à s’inscrire dans de nouvelles revendications liées à la reconnaissance de leur « patrimoine culturel immatériel » ? Leurs œuvres sont-elles le reflet de ces positionnements politiques ? Souvent entre « ici » et « là-bas », entre réseaux locaux sur le sol natal africain où ils créent des écoles d’art, des centres chorégraphiques, des ateliers permanents de théâtre ou autres initiatives artistiques et la scène internationale, les artistes du continent développent de nouveaux paradigmes d’une extrême modernité que nous tenterons d’éclairer.

Séances

 14 mars 2014
Emmanuelle Spiesse, De l’université à l’atelier : production et contestation du champ de l’art contemporain au Nigeria
Pour la première fois sur le territoire nigérian au début des années 1950, la formation artistique entre au cœur de l’université. Une première génération d’artistes diplômés trouve bientôt son rôle parmi les acteurs de l’art local et notamment auprès de l’élite éduquée. Quelques années plus tard, différents ateliers (conduits par Ulli et Georgina Beier) ouvrent l’exercice de la profession à une toute autre population. Ces productions artistiques alors disponibles sur le marché local et/ou international entraînent de nombreuses réactions notamment de la part des artistes diplômés qui estiment alors impossible de désigner comme contemporaines des œuvres mettant en avant d’aussi fortes caractéristiques « néoprimitivistes ». Au début des années 2000, encore d’actualité, le débat reste très vif.
Depuis l’indépendance, artistes diplômés des nombreuses universités ou artistes issus des ateliers poursuivent leur carrière tout en participant à la construction du champ de l’art contemporain. Il nous appartient aujourd’hui de proposer une lecture de cette construction.

 28 mars 2014
Hugo Ferran, L’usage musical d’Internet par les Églises évangélique éthiopiennes du Canada
Divers supports musicaux ont contribué à la propagation des mouvements évangéliques en Éthiopie et dans sa diaspora. Si le rôle des recueils de chants est relativement bien connu (Nilsson 2003, Balisky 2013), celui des vinyles, cassettes, CDs, VCDs, DVDs, fichiers numériques, ou encore de la radio, de la télévision et d’Internet reste à découvrir tant en Éthiopie que dans sa diaspora. Cette présentation s’attachera à étudier les usages musicaux d’Internet par les Églises évangéliques éthiopiennes du Canada. Les enquêtes, menées alternativement sur le terrain et sur le web, révèleront trois aspects centraux de ces groupes religieux issus de l’immigration :
 les imaginaires mobilisés par les fidèles dans la réinvention de leur identité chrétienne en contexte migratoire ;
 la manière dont ces Églises contribuent à la circulation des hymnologies éthiopiennes sur la toile ;
 les ambivalences identitaires de certains fidèles, tiraillés entre plusieurs mondes sociaux, religieux et musicaux.

 11 avril 2014
Nicolas Puig, Circulations musicales et lignes culturelles au Caire. Observations depuis une marge morale
Cette intervention traitera de la création musicale « populaire » en Égypte sous ces différentes formes et des principaux enjeux qui en sous-tendent la production, la diffusion et la circulation aux échelles intra-urbaines et transnationales.
La dimension urbaine de ces musiques doit tout d’abord être soulignée : la mégapole du Caire concentrant et réfractant les lignes controversées de partage des musiques légitimes et illégitimes, voire moralement déviantes. Le regard stigmatisant porté sur les productions musicales « populaires » par les tenants d’une « orthodoxie culturelle » déborde le domaine artistique pour englober les habitants des quartiers d’où sont issues ces musiques, considérés comme inapte à partager l’espace public.
Les questions « onomastiques » (des façons de nommer qui sont autant de façon de qualifier) sont recouvertes ainsi par des enjeux liés aux frottements entre une musique « endogène » développant ses propres réseaux et bénéficiant néanmoins d’une audience massive et une vision artistique soucieuse d’édification nationale, qui arrime ses conceptions esthétiques aux façons d’être urbains et de prendre place dans la ville.
Mais loin de se trouver en huis clos, les acteurs du champ de la musique sont aux prises avec différents mécanismes de référencement à l’étranger, notamment cet ensemble lointain aux contenus malléables à l’envi que l’on nomme Occident, qui produisent des effets de légitimation comme ils exacerbent la mise en avant d’une spécificité locale égyptienne, et surtout arabe.

 23 mai 2014
Richard et Sally Price, Vérités et mensonges : concoction d’un art premier

 13 juin 2014
Bertrand Royer, Les objets du dialogue. Gestes et paroles d’un sculpteur birifor du Burkina Faso