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Dynamiques du genre en Afrique

Séance du 14 décembre 2017, 10h à 13h
IMAF/ Malher, 9 rue Malher 75004 Paris

 Alice Aterianus-Owanga (ISSRC-ORS, Univ. Lausanne)
« Du rap au sabar : parcours ethnographique sur les masculinités dans les mondes de la musique »

Résumé
A Libreville, les scènes rap sont le lieu d’affirmations de masculinités viriles et de discours hétérosexistes. Dans un contexte de crise des masculinités et de reconfiguration des rapports de genre, les rappeurs procèdent à des agencements stratégiques de symboles globaux et de significations locales, pour inventer de nouvelles images de la « force » masculine, en relation avec un public de femmes et de "groupies" dont la présence constitue une condition de la reconnaissance de leur masculinité.
Autre contexte musical, autre masculinité : dans différentes villes d’Europe, des musiciens et danseurs sénégalais recréent via l’enseignement et la performance du sabar en Europe des masculinités africaines "traditionnelles". Dans un contexte migratoire reconfigurant les rapports de pouvoir et les conceptions du couple, ils rejouent leur représentation du genre et de la masculinité, face à un public de femmes occidentales, qui participe par leur attraction pour la "culture" africaine ou par les transactions intimes qu’elles tissent avec ces hommes, à la performance de leur masculinité.
Ma présentation réfléchira à ces deux types de modèles de masculinités hétérosexistes, tantôt "complices" tantôt "marginalisées" (Connell 2014) qui se créent dans ces univers musicaux. En comparant ces deux mondes de la musique, je démontrerai l’importance d’une approche relationnelle des identités de genre, et décrirai les types d’interactions et de transactions au travers desquelles se forment ces masculinités, entre des musiciens et des femmes qui les entourent.

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 Dominique Connan (CURAPP, Univ. De Picardie)
« Gentlemen Only, Ladies Forbidden. Sociabilités élitaires et styles de masculinité au Kenya »

Résumé
Cette intervention est issue d’une enquête ethnographique au long cours, menée au Kenya dans les associations exclusives que sont les clubs, qui questionnait conjointement le legs institutionnel du colonialisme, la sociabilité des élites et la formation de l’État en Afrique. Une partie de ce travail explorait en effet la manière dont les élites africaines ont investi des styles de masculinité qui sont à la fois un legs colonial, une forme de respectabilité mondialisée, et le registre culturel commun d’une élite multi-ethnique. Dès lors, la « fraternité du golf » kényane et ses clubs constituent un terrain édifiant. Il révèle la diversité et l’ambiguïté des rapports que les élites kényanes entretiennent à un style de domination dont l’expression quotidienne demeure travaillée par les dynamiques d’assignation ethnique, générationnelle et raciale qui les divisent.

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