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Appel à participation au séminaire des doctorants de l’Institut des mondes africains

Séminaire Penser le temps et écrire l’histoire de l’Afrique
Année universitaire 2014/2015
2e jeudi de chaque mois, 16h-18h
Centre Malher, 9 rue Malher, 75004 Paris

Présentation du séminaire

Ordonner le temps, telle semble être la tâche qui incombe à l’historien. Qu’il s’agisse de la construction d’une chronologie, de ses efforts pour dater ses sources ou de son positionnement dans l’historiographie, le rapport de l’historien au temps est constant. Ce rapport et cette recomposition du temps revêtent des formes complexes et variées. La question du temps relève d’une obsession, comme le souligne Ousmane Sembène, qui qualifie les historiens de « chronophages ». Les historiens « mangent le temps en le disciplinant ; ils réduisent la multiplicité des discours et le chevauchement multiple, bigarré et tout en zigzag des évènements. Par cet aplatissement, ils rendent, paradoxalement, le temps et l’évènement sans importance [1] ». C’est sur la question du rapport au temps complexe et intrinsèque à la discipline historique que ce séminaire souhaite se consacrer, en apportant une réflexion centrée sur l’histoire de l’Afrique. En effet, la question des usages de la temporalité dans l’élaboration de l’histoire des sociétés africaines soulève des problèmes spécifiques que ce séminaire cherchera à approfondir. D’une part, des problèmes d’ordre épistémologique, comment penser le temps et les temporalités des sociétés africaines ? D’autre part, des problèmes d’ordre herméneutique, comment comprendre et analyser la documentation manuscrite, archéologique, monumentale et orale produites par les sociétés africaines ?

Ces problématiques générales ont été articulées autour de trois axes autour desquels nous souhaitons organiser le séminaire et orienter les discussions et les travaux :

Axe 1 : Pour une approche critique de l’historiographie et des paradigmes dominants l’histoire de l’Afrique
La colonisation constitue un exemple saisissant de la prégnance d’un paradigme pour penser les ruptures et les continuités de l’histoire de l’Afrique. N’évoque-t-on pas constamment l’« Afrique précoloniale », « coloniale » et « postcoloniale » ? Ne faudrait-il pas revoir cette tripartition facile, mais parfois peu pertinente ? L’historiographie de l’Afrique peut par là même relayer une conception stéréotypée et limitée de la diversité des temporalités des sociétés africaines. Cet axe propose une approche critique des travaux historiographiques dominant notre conception de la périodisation de l’histoire des sociétés africaines. Les communications pourront proposer des études critiques d’article ou d’ouvrage ou réfléchir aux enjeux de l’utilisation d’un paradigme (« mémoire », « colonisation ») dans l’écriture de l’histoire de l’Afrique.

Axe 2 : Temps et constructions temporelles dans les matériaux textuels et oraux de l’histoire de l’Afrique
Dans le cadre de cet axe, nous souhaitons réfléchir de façon plus précise à la manière dont la documentation reflète des représentations et des structures temporelles particulières. Loin d’offrir une conception « objective » du temps, les sources narratives invitent l’historien à revenir sur les processus de production, de composition et d’écritures à l’origine de ces textes. Cela implique un travail rigoureux et patient d’exégèse des textes et des témoignages oraux. De manière plus modeste, nous aimerions interroger nos pratiques de jeunes chercheurs face aux matériaux historiques en nous demandant : comment la temporalité est-elle façonnée par les acteurs de l’histoire, les auteurs de notre documentation ou encore les spécialistes de l’écrit ? Quelle histoire et quelles périodisations ces documents nous permettent-ils d’écrire ?

Axe 3 : Usages de l’événement et temporalités de l’histoire de l’Afrique
Pour penser le temps et proposer un découpage du temps de l’histoire il faut le structurer et, pour ce faire, l’historien a besoin d’outils, de référentiels et de concepts. Dans cette perspective nous proposons de nous interroger sur le concept d’événement autour de deux questionnements principaux. D’une part, l’évènement peut être perçu comme un paradigme où se noue différents registres de temporalités. Ainsi le temps heuristique de l’historien dialogue-t-il avec le temps des acteurs. Quelles sont les conséquences de ces échanges pour l’écriture de l’histoire ? D’autre part, l’évènement est aussi déclencheur de temporalités : sa portée et son extension suivent des trajectoires complexes. Considérer l’évènement et sa portée du point de vue d’acteurs porteurs de leur propre temporalité forme un champ de recherche prometteur.

Les propositions de communication peuvent s’inscrire dans l’un des trois axes. Néanmoins, toute proposition de communication dont l’objet porte sur la thématique du séminaire peut être soumise.

Organisation des séances

Conçues autour de rencontres mensuelles, les séances seront organisées autour d’une communication proposée par un doctorant d’une durée maximale de 45 minutes, suivie d’une discussion animée par un jeune chercheur spécialiste d’un autre espace, d’une autre période ou d’une autre discipline. Il s’agit de favoriser le débat entre des doctorants travaillant sur des périodes différentes au sein de l’IMAF et de faciliter les échanges avec les autres champs disciplinaires dont le terrain privilégié est l’Afrique.

Modalités de soumission

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 2 juin 2014 aux quatre organisateurs. Elles doivent se composer d’un titre (même provisoire) et d’un résumé d’environ 300 mots. Le planning des séances pour la rentrée 2014 sera communiqué à la fin du mois de juin.

Olivia Adankpo (olivia.adankpo@gmail.com)
Hadrien Collet (hadrien.collet@gmail.com)
Clélia Coret (clelia.coret@gmail.com)
Héloïse Kiriakou (kiriakouheloise@gmail.com)


[1Mamadou DIOUF, « Des historiens et des histoires, pour quoi faire ? L’Histoire africaine entre l’état et les communautés », Revue Canadienne des Études Africaines, 2000, vol. 34, p. 341.