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Politique et conflits armés en Afrique : ramener la paysannerie au centre des débats

Appel à contributions


Argumentaire

Les discours dominants sur les groupes et mobilisations armés en Afrique ont évolué au fil du temps, allant de l’accent mis sur les niveaux d’extrêmes violences, en particulier en ce qui concerne le viol comme arme de guerre (Verweijen, 2015), à la politique d’identité en tant que motif principal de la violence (Lemarchand, 2009), ou au rôle des incitations économiques en tant que facteurs de conflits et motivations des acteurs armés (Collier, 2000 ; Verweijen, 2015). De plus en plus des recherches analysent la récurrence des groupes armés dans les pays en conflits armés (Vlassenroot et al., 2018). Cependant, l’impact de la violence et des conflits sur la paysannerie, notamment les déplacements forcés et la destruction du territoire en tant que lieu de vie paysanne demande plus d’attention. Loin d’être un produit de la nature, la paysannerie s’identifie à travers une série de revendications, de mobilisations, d’innovations et un mode de vie particulier (Peemans, 2002 ; Scott 1985). Cela en fait un acteur dynamique qui (co) façonne les conflits et contribue aux différents processus qu’il engendre. La plupart des chercheur.es négligent le rôle de la paysannerie dans leurs analyses et publications sur les processus de transformation sous conflit violent, et son capital politique. Dans la littérature existante sur les groupes armés et les conflits violents, les paysan.e.s sont principalement définis dans deux rôles stéréotypés : soit comme des victimes impuissantes de conflits violents qui doivent être aidées à tout prix (Maedl & al., 2013) ; soit comme des complices opportunistes, souvent manipulés naïvement par des entrepreneurs politiques locaux ou nationaux (Conca et Wallace, 2009 ; Jourdan, 2004).
Ce workshop est consacré à la réflexion sur le rapport entre la paysannerie et les conflits armés dans le Sahel et la région des Grands Lacs. Quatre principaux objectifs sont visés dans ce workshop. D’abord, il s’agira de réunir un groupe de chercheur.e.s (junior et sénior) de diverses disciplines et de divers espaces géographiques autour de la question du rapport entre paysannerie et conflits armés, afin d’échanger sur les approches méthodologiques pour aborder d’un point de vue pluridisciplinaire ce sujet. Ceci contribuera à faire l’état des connaissances sur le sujet et de trouver les points d’achoppement épistémologique.
Ensuite, cela permettra également de déconstruire des catégories classiques des approches sur les groupes armés dans lesquels les paysan.e.s des zones touchées par des conflits sont souvent invisibles comme acteurs dans leurs propres droits. Le résultat de cette invisibilité est souvent une analyse des conflits armés qui est séparée du contexte paysan dans lequel elle se déroule, et qui ne tient pas assez compte des revendications politiques liées à ce contexte. Ces discussions sont nécessaires dans la mesure où l’impact de la violence des conflits armés sur la paysannerie et le rôle de la paysannerie dans les conflits et les processus de transformation des rapports sociaux qui en sont le résultat ; ainsi que le capital politique du paysannat sont très importants, mais souvent oubliés dans des interventions de pacification.
En troisième lieu, ce workshop vise à mettre en place un programme de recherche qui aura pour objectifs d’étudier les discours et actions des paysan.e.s et tirer des leçons devant servir la mise en place d’un catalogue du rapport paysannerie-conflits armés pour éclairer et guider la prévention et la gestion des conflits armés en Afrique.
En fin, le dernier point mais pas le moindre, la question centrale soulevée par cet atelier est relative au processus de « peace building ». A ce sujet, une table ronde, réunissant les différents acteurs impliqués dans la recherche de la paix, paysan.e.s, politiques, victimes (déplacés et autres), combattant.e.s, société civile... sera organisée.
Le présent appel à communications porte sur les contributions académiques théoriques ou empiriques sur le rapport entre la paysannerie et les conflits. Il invite alors à des études de cas et/ou des réflexions qui abordent des questions spécifiques relatives à l’un des axes suivants de l’atelier :
 Axe 1 : Épistémologie, théorie, concepts et éthique dans les études sur la paysannerie et les groupes armés.
 Axe 2 : Modalités de conflictualité dans la paysannerie.
 Axe 3 : Cas d’étude spécifiques sur les rapports entre paysannerie et groupes armés.
 Axe 4 : Les interventions de pacification dans les paysanneries.


Délais

Soumission des propositions (500 mots maximum) et un CV (2 pages maximum) : 31 mai 2021 (par courriel à mb.t75@mesrs.ml).
Notification d’acceptation/refus : 15 juin 2021
Date limite pour les présentations/papiers complets : 26 juillet 2021

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