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Penser le temps et écrire l’histoire de l’Afrique

Séance du 6 mai 2015, 17h à 19h
Site Malher, salle 107, 9 rue Malher, 75004 Paris

 Clélia Coret
Reconstituer l’évènement ? Sources et perception du temps à travers l’exemple du massacre des Allemands à Witu (côte est-africaine) en octobre 1890

Résumé :
Le 15 septembre 1890, neuf Allemands sont tués à Witu sur la côte est-africaine (actuel Kenya) par les soldats de la ville, annonçant la fin de la présence allemande dans ce qui fût un protectorat pendant cinq ans. Un mois plus tard, les Britanniques, qui étaient jusqu’alors en concurrence avec les Allemands dans cette région, lancent une expédition punitive contre Witu et détruisent entièrement la ville. Ces deux évènements marquent le basculement définitif du nord de la côte swahili dans un « temps colonial ». La démonstration brutale de l’impérialisme britannique provoque la disparition de cet État souverain fondé à Witu dans les années 1860 par des élites swahili en exil.

L’étude du massacre des Allemands, en tant qu’évènement déclencheur de temporalités, peut permettre de mieux comprendre ce basculement. Quelle version du déroulement du massacre et de ses effets s’est-elle imposée ? Plusieurs sources de première main les documentent (des rescapés, des missionnaires qui ne sont pas des témoins oculaires) et en proposent différentes perceptions. Quand les consulats puis les journaux européens se saisissent de l’affaire, les « faits » sont repris transformés, adaptés, altérés. De plus, comment écrire cette histoire en ayant seulement eu accès à des sources européennes ? S’il existe bien, aujourd’hui encore, à Witu une mémoire de cet évènement, comment faut-il l’interpréter ? Ainsi, cette communication cherchera, à travers une étude de cas, à analyser comment un évènement noue et fait dialoguer différents registres de temporalité.

 Rafaël Thiebaut
Une énigme à résoudre : le massacre des Français à l’île de Sainte-Marie en 1750

Résumé :
Le 30 juillet 1750, les Français prennent possession de l’île Sainte-Marie sur la côte orientale de Madagascar. Six semaines après, un massacre survient et coûte la vie au commandant Gosse et à quatorze autres Français. Que s’est-il passé pour provoquer une réaction aussi violente de la part de Malgaches ?

En parlant des inférences précoloniales des Français sur le sol malgache, les historiens se concentrent presque exclusivement sur le massacre de Fort Dauphin (1674), qui met fin à une présence française permanente sur la Grande Île. La tentative de colonisation de l’île Sainte-Marie au milieu du XVIIIe siècle n’est quant à elle jamais évoquée. Certes, il s’agit d’un épisode court, car le massacre intervient quelques semaines après la prise de possession des Français. Néanmoins, c’est le seul projet d’implantation déterminant de la Compagnie des Indes (1719-1769) qui bouleversera les relations franco-malgaches sur la côte orientale de Madagascar dans les années à venir.

Il s’agit d’un évènement aussi curieux sur le plan politique que sur le plan social. Il existe peu de sources sur cette période et aucun récit malgache n’a survécu concernant cette affaire, mais il existe quelques documents français dont un journal de bord, le récit d’un officier et une déclaration officielle. Même la date précise du massacre a longtemps été inconnue. À travers ces documents, nous essayerons de retracer la chronologie de cet évènement coupé court par le massacre et ses conséquences sur les relations franco-malgaches.

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