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La position de l’épouse réfugiée comme analyseur de la transformation du système matrimonial chez les Kissi de Guinée-Conakry. Analyse socio-anthropologique

Soutenance de thèse de Winfred Yao Akakpo
Directeur de thèse : Rémy Bazenguissa
Le 25 mars 2019, à 14h, salle de réunion de l’IMAF (2e étage), 96 bd Raspail, 75006 Paris.

Rapporteurs :
 Marie-Luce Gélard, Maîtresse de conférences, (HDR/IUF), Université Paris V- Paris Descartes
 Valerio Petrarca, professeur, Università degli Studi di Napoli Federico II, Italie


Jury :

 Rémy Bazenguissa-Ganga, directeur d’études, EHESS
 Éloi Ficquet, maître de conférences, EHESS
 Valerio Petrarca, professeur, Università degli Studi di Napoli Federico II, Italie
 Elsa Ramos, maîtresse de conférences, Université Paris V- Paris Descartes, (IUF)
 Roger Somé, professeur des Universités, Université de Strasbourg

Résumé de la thèse :
Le déplacement des populations est souvent la conséquence des guerres chez les Kissi. Ce fait contribue et contribuera sans cesse davantage au changement de la structure sociale des peuples Kissi. Cette même réalité communément vécue avec leurs voisins frontaliers renvoie à la question de leur identité et reconnaissance sociale. Les kissi de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia sont connus pour l’observance et le maintien des rites dont le mariage coutumier qui constitue l’instance régulatrice de la communauté. Les guerres en Sierra Leone et au Libéria dans les années 1990 ont forcé une grande partie de la population à se déplacer, dont les Kissi en particulier, qui ont afflué vers le territoire Kissi en Guinée. Cet afflux de Kissi sierra leonais et Libériens, composé principalement de femmes : veuves de guerres, modifie la situation socio-culturelle des Kissi en Guinée. Dans ces conditions, le groupe Kissi de Guinée développe des réflexes de conservation et de monopolisation de la légitimité. Entre ces peuples issus d’une même souche s’établit l’institution de frontières visibles et invisibles. Car, la motivation des sierra leonais et des liberiens à se déplacer vers le territoire guinéen était de se retrouver « en famille » pour avoir une chance de se reconstruire. Les dynamiques provoquées par cet afflux ne manquent pas de restructurer la communauté Kissi en profondeur, à commencer par l’institution principale : le mariage coutumier.
Cette thèse, s’intéressant à une partie bien spécifique des populations déplacées, a priori, montre comment un groupe, minoritaire, peut influer, modifier et même bouleverser, la façon de vivre, de se percevoir, de se définir d’un groupe apparemment dominant. Dans une optique socio-anthropologique, l’accent est mis sur la femme réfugiée et sur sa vulnérabilité au prisme de l’organisation sociale et du mariage. Le déplacement de la population et les transformations des structures sociales déterminent de nouveaux modes de vie qui provoquent la déstructuration des formes de mises en union, mais surtout leur restructuration pour concourir au maintien de la communauté, élargie de fait, et la reconfiguration de ses fondements.
Les femmes réfugiées sont au cœur de cette recherche mais l’attention est portée sur les hommes et les femmes en général pour mettre en exergue les différences et les similitudes entre leurs organisations matrimoniales. Ainsi, parvenir à comprendre au mieux comment la culture de confrontation, acquise par la traversée d’expériences traumatiques, liées à la guerre, par les kissi d’ailleurs, vient affronter, imprégner et transformer la culture de rencontre des Kissi d’ici, permettant une adaptation qui répond à la situation de vulnérabilité et aux nouveaux besoins de subsistances de l’épouse refugiée en Guinée.

Mots-clés : Kissi d’ici/Kissi d’ailleurs, Parenté, Mariage coutumier, Mise en union, Guerre, Frontière, Cultures, liens sociaux, Domination, Harmonisation.