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Généalogies racialo-religieuses dans les discours contemporains

Appel à communications

L’objectif de cette quatrième Journée d’étude du programme de recherche RelRace, Religions, Lignages, Races est de documenter et d’analyser des formes d’expression ultracontemporaines, (xxie siècle) des mythes racialo-religieux. Si ces expressions restent marginales, elles concernent néanmoins de nombreuses sectes religieuses s’accompagnant généralement d’une forme de suprémacisme.

De nouvelles constructions ont fait leur apparition et les modes d’expression se sont considérablement diversifiés. L’espace de la foi et du religieux au sein de nos sociétés semble s’être étendu, se saisissant en particulier des mondes connectés, au point que de nouvelles communautés religieuses prennent naissance sur la Toile, ces cyber-religions (digital religions) telles que les a dénommées Heidi Campbell, ne nécessitant aucun contact entre les cyber-fidèles (Campbell 2012) [1]. Dès les années 1970 les pasteurs revivalistes étatsuniens avaient déjà mis en place des systèmes de diffusion de la foi qui empruntait au secteur de l’Entertainment, avec églises géantes, prêches télévisés et publicité placardée ou télévisée.

Cette globalisation du sacré, qui ne se limite pas au cyberspace, mais touche des expressions culturelles variées, ce qui tendraient à attester de la tombée des frontières entre d’une part les attributs du sacré et d’autre part l’art, les loisirs et les espaces du quotidien (Caron 2004 ; Cottin et Bazin 2003 ; Campbell 2012)[1]. La musique, en particulier le rap constitue aussi un lieu d’affirmation de ces phénomènes. Ainsi, Shabazz the Disciple, dans son album The Book of Shabazz (Hidden Scrollz), tout comme de nombreux autres artistes, réemploie les mythes religieux de la race issus de la Nation of Islam et de ses branches collatérales.

Nous proposons lors de cette Journée d’études de questionner les usages des généalogies racialo-religieuses au XXIe siècle. Il s’agira d’analyser les diffusions contemporaines et les usages de ce type de généalogie, mais aussi de les étudier dans leurs évolutions, en les comparant avec le mythe au moment de sa formation. Leurs diverses circulations, celles du numérique bien entendu, mais aussi sous d’autres formes plus inattendues, musicales, strictement religieuse avec par exemple le cas des sermons, mais également parfois les usages de l’espace public, seront particulièrement scrutés. Les suprémacistes blancs reprennent parfois à leur compte ces mythes racisants. Le terrain privilégié de l’alt–right est d’abord celui de la sphère numérique (Ridley 2021 ; Greene 2019). Il sera aussi possible d’évoquer la Nation of Islam, et ses différentes variantes à l’image de la Five-Percent Nation, tout comme les diverses formes du kémitisme, le mouvement des Black Hebrews (Lewis et B.f. 1995 ; Santamaria 1987 ; Collins 2020). Ces exemples états-uniens ne doivent pas faire oublier leur écho en Europe. Les formes originales que l’évangélisme protestant y prend peuvent aussi être interrogées dans la manière dont elles investissent aussi la question raciale et les mythes racialo-religieux (Mottier 2017).


Les propositions de communication assorties d’un court C.V. sont à envoyer à relrace@univ-lemans.fr et à maheo.prof@gmail.com pour le 15 mars 2022 au plus tard. Elles ne devront pas excéder 500 mots.

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[1D’après les statistiques, après l’utilisation des emails, la consultation des sites financiers et bancaires, ce sont les sites internet religieux qui sont les plus consultés, du moins ce que les sondés veulent bien avouer.