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Rites de l’échange tontinier et cérémonies familiales dans l’espace sahélien transnational

Séminaire EPHE
Organisé par Jeanne Semin, chargée de conférence à l’EPHE, affiliée IMAF

EPHE
Bâtiment Le France
Salle 103, 1er étage
190, avenue de France
75013 Paris -

Métro : Quai de la gare (ligne 6)
RER C : Bibliothèque François Mitterrand
Bus 89 : Quai de la gare

Présentation :
À partir de données issues d’enquêtes au Sénégal, au Mali et en France, je m’attacherai à montrer que l’efficacité des tontines africaines, tant admirées dans les milieux du développement, s’apparente à l’efficacité que les anthropologues appellent « symbolique » et qui est propre au rituel. Les tontines, qui sont des coopératives d’épargne et de crédits rotatifs, trouvent leur origine dans les échanges féminins suscités par les cérémonies d’alliances, et de naissances, et fonctionnent aujourd’hui parce qu’elles y sont toujours étroitement liées. À travers une présentation analytique et systémique des gestes qui accompagnent les tontines cérémonielles dans plusieurs groupes du Sahel, nous montrerons que les flux financiers qui circulent entre les mains des femmes à l’occasion des ces cérémonies, font appel à un ensemble de références qui résonnent entre elles, et construisent les réseaux dans lesquels s’incarne une société. Les tontines et les cérémonies relèvent de la sphère de l’activité ritualisée, d’une part parce qu’elles permettent la capitalisation économique et sociale nécessaire à la réalisation de ces rites féminins, et d’autre part parce qu’elles font appel à cette réserve d’activité symbolique faisant référence à des mythes et principes codés en gestes. On peut donc à juste titre parler de « rituels tontiniers » comme le proposait Jean-Louis Lespès (1) à propos de ces petits gestes qui interviennent dans les tontines comme des résonances symboliques de l’activité cérémonielle.

(1) J.- L. LESPÈS, « Les informalités tontinières : traditions et innovations » in M. LELART (dir.), La tontine : pratique informelle d’épargne et de crédit dans les pays en voie de développement, Londres-Paris, Editions John Libbey, Eurotexte/AUPELF Sciences en Marche, 1990, pp. 323-346.

PROGRAMME :

Nous aborderons 6 thèmes au cours de 3 séances :

28/10/2015 :
 14h-16h : La méthodologie multi-située adaptée à l’analyse comparative du rituel.
Mes recherches sont le fruit méthodologie dite multi-située en terrain africain aborde trois milieux distincts : rural, urbain et migratoire. Nous chercherons à montrer leur continuité, à partir de celle des systèmes symboliques et des réseaux de relations qui les articulent.

 16h-18h : Une présentation ethnographique des différentes étapes de la vie cérémonielle féminine en Afrique de l’Ouest, et des formes variables mais comparables des rites qui les animent.

4/11/2015 :
 14h-16h : La récurrence dans ces trois contextes ainsi que dans plusieurs groupes ethniques (wolof, bambara peul et khassonké) de l’attribution de rôles cérémoniels similaires (rôles de marraine, de parrain, d’époux féminin). Ces rôles sont en réalité des positions configurant la circulation des biens cérémoniels : pagnes, kolas, argent de la dot.

 16h-18h : Les modes d’articulation entre rites et rôles « masculins » ou « féminins ». Les cérémonies et les échanges sont aussi l’occasion de faire des femmes des épouses célébrées en tant que telles et assignées à un place précise définissant les rapports de genre et de parenté. En ce sens les cérémonies relèvent bien du rituel, qui, par l’ordonnancement répétitif de gestes et de paroles, permet l’intégration d’un changement de statut conforme à la répartition des rôles au sein de la société.

18/11/2015 :
 14h-16h : Le rôle transitionnel des griots médiateurs de l’échange notamment au sein des communautés transnationales.

 16h-18h : Les modalités actuelles de l’agrégation des discours lié à l’Islam à cette économie cérémonielle et communautaire. Ces développements témoignent de l’étonnante plasticité et vitalité du système cérémoniel et tontinier.