Mustafa Alloush, Thierno Woûri Diallo Lâriya, Alfa Mamadou Lélouma, Bernard Salvaing, Édition Geuthner, col. "Sources Africaines", 2023, 434 p.
Préface de Bruno Delmas.
Publié avec le concours de Académie des Sciences d’Outre-Mer, programme « Fontes Historiae Africanae » de l’Union académique internationale.
PRESENTATION
Cet ouvrage présente huit poèmes arabes du Fouta-Djalon (Guinée actuelle) écrits au dix-neuvième siècle. Ils relatent des combats menés au nom de l’islam, auxquels les auteurs ont pour la plupart participé. Ces poèmes sont édités ici dans leur version arabe. On en trouvera également une traduction en français accompagnée d’une introduction relative à chacun d’entre eux. Au début de l’ouvrage, une longue présentation générale analyse le phénomène d’ensemble de la guerre au Fouta-Djalon.
Les textes les plus anciens ont trait à l’invasion de Condé Bourama venu du Mali actuel, à la fin du XVIIIe siècle. Les autres récits datent de la deuxième moitié du XIXe siècle : ils relatent des expéditions menées dans l’actuelle Guinée Bissau, contre les villes de Bérékolon et de Korobâli. Viennent enfin trois poèmes rédigés par le même auteur sur une expédition contre Badon dans l’actuel Sénégal et sur des combats contre la dissidence intérieure des Houbbous.
Ces récits d’expéditions guerrières ont été écrits par des hommes de religion lettrés en arabe, en général à la demande de l’almaami, qui était le dirigeant de la confédération du Fouta-Djalon. Ils décrivent d’abord en détail les circonstances de l’expédition et ses préparatifs matériels, politiques et spirituels : rassemblement des hommes, collecte des armements, visite de lieux de pouvoir et de religion de la Confédération. Puis l’auteur relate la campagne proprement dite, avec l’itinéraire de l’expédition et ses péripéties, sur des distances parfois fort longues. En dernier lieu vient la relation de la fin la campagne et des combats.
Ces documents permettent de reconstituer une histoire rédigée jusqu’alors essentiellement à partir de documents écrits en peul ou de sources orales. Leur caractère officiel, le fait qu’ils n’émanent que d’une élite restreinte, n’empêchent pas une liberté de ton parfois inattendue et permettent au chercheur d’effectuer une foule de découvertes, sur l’histoire politique, religieuse et sociale du Fouta-Djalon. En particulier, on y perçoit l’évolution rapide de la société entre le début et le milieu du XIXe siècle. On y constate l’importance de la guerre dans la vie de la Confédération, mais aussi la place importante du soufisme chez les combattants.