Ce forum se propose d’ouvrir un dialogue interdisciplinaire et pluraliste autour de la lutte contre la « traite des êtres humains », non seulement comme problème public, mais comme enjeu urbain et territorial.
Aujourd’hui, les villes, tant au « Sud global » qu’au « Nord global », sont de plus en plus exposées à des événements extrêmes – tels que les pandémies, les urgences liées au changement climatique ou les situations de conflit et de post-conflit, les « crises migratoires » devenues chroniques – mais aussi des événements ordinaires – tels que des processus de gentrification urbaine ou l’organisation de grands événements ou encore des changements législatifs – qui exacerbent les vulnérabilités des personnes à des formes toujours nouvelles de traite des êtres humains. Ce qui devient visible dans les villes, c’est la difficile transition des politiques de lutte contre la traite des êtres humains depuis le modèle du welfare state, centré sur l’assistance à l’individu en tant que citoyen d’un État-nation à un modèle de welfare international en devenir, confronté aux violations des droits de humains subies par différents groupes sociaux, à la recherche de nouveaux espaces de citoyenneté.
On va alors proposer dans ce forum de repartir des villes comme milieux d’« expérimentation créatrice ». Dans ces villes, l’émergence de revendications de droits et le déplacement des fronts de mobilisation et de conflit qui en résulte vont de pair avec la formation de multiples formes d’engagement civique dans la résolution des problèmes qui s’imposent aux différentes étapes du processus de traite des êtres humains.
Comment les compétences en matière de lutte contre la traite des êtres humains évoluent-elles ? Quelles collaborations entre les associations et les institutions en découlent ? Que peut-on apprendre en comparant les initiatives d’hébergement ou les formes d’engagement des avocats dans des contextes territoriaux et d’intervention différents ? Quels sont les lieux, les dispositifs et les processus de « capacitation » (empowerment) dans lesquels s’engagent les personnes qui sont affectées directement ou indirectement par la traite des êtres humains ? Comment la gestion institutionnelle au niveau local des événements ordinaires ou extrêmes affecte-t-elle la capacité de populations de plus en plus vulnérables à des formes d’exploitation en constante évolution ? Quelle réponse apporter à ces violations des droits humains ?
Ce forum vise à valoriser les expériences et les « savoirs situés » en matière de lutte contre la traite des êtres humains en tant que ressources fondamentales pour des villes et des territoires qui se veulent plus justes et plus inclusifs. Il prend place dans le cadre des activités prévues d’un projet de recherche financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne. Il est organisé par : Brigida Proto, Marie Sklodowska-Curie Fellow, Centre d’étude des mouvements sociaux – EHESS/CNRS/INSERM, & Georgina Vaz Cabral, Juriste - Consultante internationale auprès de l’ONU, UE et Conseil de l’Europe, ancienne Présidente du Fonds de l’ONU sur les formes contemporaines d’esclavage.
