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(In)égalités, (In)justices. La valeur des femmes

Appel à communications


Anna Bellavitis, Monica Martinat

Les inégalités ont toujours accompagné les sociétés humaines de diverses manières. Elles sont à la base de véritables hiérarchies de richesse, de prestige, d’honneurs, de culture..., mais aussi à la base d’idéologies qui les légitiment ou les condamnent, en général et en particulier.

De nombreux historiens et économistes sont actuellement aux prises avec ce problème, avec un œil sur un passé plus ou moins long et l’autre, central, sur le présent et l’avenir. Pour ne citer que quelques ouvrages de synthèse et de diffusion – relativement – large, on peut penser au récent livre de l’économiste français Thomas Picketty qui, partant d’une critique acerbe du capitalisme actuel et de ses apories, se consacre à jeter un regard plus direct et explicite sur le thème de l’égalité et de son histoire (Picketty, 2021) ; ou à celle, publiée quelques années plus tôt par l’historien Walter Scheidel, qui porte une attention particulière aux moments où et aux raisons pour lesquelles, dans l’histoire des sociétés humaines, la courbe des inégalités s’est inversée (Scheidel 2017). La semaine d’étude 2019 organisée par l’Institut Datini de Prato, et consacrée aux inégalités économiques, restreintes dans ce cas aux sociétés préindustrielles, a été inspirée par ces deux œuvrages pour aborder, d’un point de vue plus particulier et local, le même thème, considéré à juste titre comme absolument central dans le débat contemporain (Nigro, 2020). L’historien du droit Aldo Schiavone a également apporté une contribution importante, en proposant une lecture du thème orientée avant tout vers les concrétisations juridiques qui accompagnent les inégalités dans le temps (Schiavone 2019).

Ces textes ont tous en commun une certaine indifférence à l’égard des inégalités entre les sexes, qui, pourtant, même d’un point de vue économique, ont toujours accompagné l’histoire humaine. Ce silence implique, entre autres, une distorsion de la perspective générale des analyses : même l’histoire des chemins vers l’égalité semble ne concerner que l’univers masculin et ne remet pas en cause le fondement et la légitimité de positions analytiques et politiques qui se permettent d’évaluer le monde comme plus ou moins juste, sans tenir compte de l’inégalité substantielle entre hommes et femmes, qui est considérée comme allant de soi au point qu’elle en devient (à nouveau) invisible. La perspective fondée, d’une part, sur le temps long, voire très long, et, d’autre part, sur les aspects (macro)économiques des inégalités unit davantage ces études.

Comment corriger ces perspectives qui semblent sortir une fois de plus les femmes du champ de l’analyse concrète, les privant de toute pertinence pour mesurer le progrès ou la régression des sociétés humaines en matière d’(in)égalité ? Nous sommes confrontés à la reproposition d’une analyse historique qui refuse de prendre pleinement en compte les contributions conceptuelles apportées dans le domaine de l’histoire des femmes et du genre.
(...)

Les contributions proposées devront aborder ces questions par le biais d’études de cas spécifiques ou de réinterprétations critiques de la bibliographie plus ou moins récente, économique, historiographique et historico-juridique, relative aux questions d’inégalité, dans une perspective de genre.


Modalités :

Les propositions d’articles inédits, en italien, français, anglais ou espagnol, doivent comporter environ 3000 caractères (400 mots) et parvenir aux rédactrices du numéro Anna Bellavitis (anna.bellavitis@univ-rouen.fr) et Monica Martinat (monica.martinat[@]univ-lyon2.fr) au plus tard le 1er mars 2022.

Ils devront contenir une indication des sources utilisées et quelques références bibliographiques, et être accompagnés d’une brève note bio-bibliographique de l’auteur.

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