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La culture populaire au Moyen-Orient . Approches franco-japonaises croisées

Colloque
Organisé par le Musée national d’ethnologie (Osaka, Japon) & l’IISMM (Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman)

Les 27 et 28 mars 2017 :
 Lundi 27 mars
de 9h30 à 19h
EHESS, Amphithéâtre François Furet,
105 bd Raspail, 75006 Paris

 Mardi 28 mars
de 9h à 16h
EHESS, IISMM, 1er étage (salle de réunion)
96 bd Raspail, 75006 Paris

Argumentaire :
L’idée d’une culture populaire à affirmer et à défendre ne s’est imposée que récemment dans le monde de l’Islam méditerranéen. Plus récemment qu’en Europe en tout cas, et suite à des acquisitions massives, rétrospectivement qualifiées de « pillages » qui ont provoqué en retour une prise de conscience d’une production que les élites ne rangeaient pas dans le patrimoine. Il a encore fallu, ici aussi, l’affirmation politique de personnalités nationales voire régionales, la prise de conscience de la nécessité de sauvegarder, comme héritage ou « tradition » (turath) des manifestations d’un génie local, non seulement face à la globalisation arabe ou musulmane, qui s’est imposée d’ailleurs grâce à de sérieuses synthèses avec les pratiques locales, mais encore face à la diffusion, tant par la force que par la persuasion, de modèles occidentaux et, plus largement, des effets sociaux d’une modernisation et d’une urbanisation massive. C’est donc un travail à chaud sur les cultures populaires que l’on peut observer (et analyser) ici, cela jusqu’à l’époque contemporaine.

Dans un pays comme le Japon qui s’est ouvert tardivement sur l’extérieur et a toujours été soucieux de combiner spécificité et modernité, au point de constituer un modèle à suivre pour des représentants de la réforme islamique (1), le jeu des données entre grande et petite culture, production nationale et globalisée est significativement différent de ce que l’on observe en Méditerranée. Pour récente qu’elle soit ici, la recherche ethnographique sur le monde musulman, comme d’ailleurs sur les autres aires culturelles du monde, n’en est pas moins vigoureuse et originale. Développée notamment à partir d’un important musée d’ethnographie, musée national installé à Osaka après l’exposition universelle de 1970, des équipes de chercheurs abordent cette question de la culture populaire de façon très directe et sur des dossiers précis, sans toujours faire ce détour, jugé ailleurs obligé, par l’histoire et l’orientalisme. De fait, pour ce qui est de l’Orient, les Japonais n’ont de leçon à recevoir de personne !

En cela, la comparaison, par une confrontation sereine, avec des études anthropologiques françaises nourries d’une tradition savante et d’une longue cohabitation avec l’Islam, mais qui dérive trop facilement aujourd’hui vers une perspective hyper-critique et des études historiographiques, au détriment souvent d’enquêtes de terrain conduites à la base, peut être éminemment suggestive.

Tant pour mettre en valeur l’intérêt des travaux développés par nos collègues japonais que pour poser les termes d’un débat, nous voudrions explorer ces différences de méthode et d’approche, en mettant en avant les points où elles peuvent s’enrichir mutuellement, à partir de dossiers comparables, abordés par des collègues proches, susceptibles de dialoguer sur leurs travaux respectifs.
Des propositions des uns et des autres sur cette notion de culture populaire, plusieurs angles se dégagent :
  la question des reclassements de productions données, par exemple de textes emblématiques comme les 1001 Nuits, entre petite et haute culture.
  Les approches différentes et pourtant riches d’interférences entre les appréciations des questions culturelles selon qu’elles sont vues de l’intérieur ou de l’extérieur, par des communautés scientifiques, avec des critères, des enjeux distincts.
  L’élaboration dynamique des pratiques et conduites vernaculaires ou mondialisées dans des contextes précis.

Cette confrontation des différents modes d’approche cherche à mettre au jour les différences tant dans la définition des objets, des méthodes et des paradigmes, sur la base d’une confrontation d’approches sur la même aire culturelle par des chercheurs de formation française ou japonaise, en vue de préciser des divergences comme des convergences, de s’opposer ou de chercher à dégager la complémentarité des points de vue, susceptibles de s’enrichir mutuellement de leurs différences.

(1) Voir Alain Roussillon, Identité et modernité : Les voyageurs égyptiens au Japon (XIXe-XXe siècles), Paris, Sindbad, 2005.

Programme_colloque_franco-japonais